demoiselles

Les journées sont devenues chaudes, l’air est lourd, saturé de lumière et de senteurs. Au bord de l’étang, l’exubérance du printemps a fait place à la langueur de l’été. Finis les ébats bruyants des grenouilles ; elles sont affalées sur les rives et ne bougent plus, fondues dans la verdure. Les abeilles assoiffées se posent sur toutes les herbes flottantes pour essayer de récupérer un peu de fraicheur. Les papillons volètent lourdement d’une plante à l’autre en quête de nectars. Seules les libellules et les demoiselles continuent à mener une ronde effrénée.

Les demoiselles sont de véritables joyaux volants… plus fines que les libellules, elles arborent des couleurs étincelantes qui scintillent au milieu de la végétation aquatique. Tantôt bleus éclatants, tantôt rouges flamboyants, jusqu’à noirs mordorés, leurs frêles corps colorés les rendent presque irréelles dans la touffeur de l’été.

De plus, elles pratiquent un étrange ballet nuptial : le mâle saisit la nuque de la femelle avec l’extrémité de son abdomen tandis que la femelle fixe le bout de son corps sous le thorax de son partenaire. Ainsi enlacés, ils constituent une forme surprenante qui porte le drôle de nom de « cœur copulatoire »… Toujours fermement soudés, ils se promènent de longs moments en tandem, jusqu’à trouver le site adéquat auquel confier leur progéniture. Toute la surface de l’étang se ponctue alors de brindilles bleuâtres en train de déposer leurs œufs sur les feuilles des potamots.

De temps en temps, délaissant les rives de la rivière proche qu’il affectionne, le caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) vient faire un petit tour au bord de l’étang. Cet insecte est une véritable féérie de couleur : son fin corps est bleu-vert métallisé ; ses ailes d’un noir iridescent sont veinées de bleu, parsemées de paillettes vertes et d’un soupçon de mauve. Avec son chatoiement de pierre précieuse, le calopteryx amène une touche d’exotisme au jardin et nous fait songer à ses lointains cousins amazoniens ….en cette période de vacances il est, à lui tout seul au fond du jardin, un petit voyage aux antipodes !