fleur d’hiver

En ce moment fleurit au jardin une plante tout à fait étonnante, qui cultive l’originalité. Tout d’abord elle s’épanouit en hiver, quand toutes les autres sommeillent sous ou à ras de terre en attendant le printemps. Dès le début de l’hiver elle déploie ses denses hampes de fleurs vertes et cette floraison insolite se repère aisément dans les bois dépouillés. Cette plante surprenante c’est l’héllébore fétide (Helleborus foetidus). Un léger froissement de ses feuilles et des doigts que vous portez à vos narines, vous démontrerons très vite que sa dénomination est tout à fait méritée, tant l’odeur est tenace. Peut être pour signaler sa toxicité !

Ensuite ses fleurs sont vertes, quelle idée ! Rares sont les fleurs qui arborent cette coloration ; habituellement elles se parent de couleurs voyantes pour attirer les insectes. Mais l’héllébore compte sur un autre stratagème pour attirer les rares butineurs qui sortent en cette saison. Ses fleurs verdâtres sont en forme de clochettes pendantes qui contiennent de petits cornets à nectar qui sont, non seulement sucrés, mais renferment également des levures. Celles-ci fermentent et génèrent ainsi une certaine chaleur au fond de la clochette. Sucre et chaleur… les quelques insectes en maraude repèrent rapidement ce microclimat et comme la floraison de l’héllébore est longue, elle a toutes les chances de se faire féconder.

Autre ruse : afin d’optimiser la dispersion de ses graines, l’héllébore les équipe d’un appendice huileux (élaïosome) dont raffolent les fourmis. Celles-ci récupèrent les graines et les transportent jusqu’à leur fourmilière pour nourrir leurs larves, assurant ainsi leur dissémination. Comment cette plante d’apparence banale a-t-elle pu développer autant de subterfuges pour s’attacher les services de toutes ces bestioles ? Encore un des mystères de l’évolution…

D’ailleurs, des mystères, notre héllébore en cache encore bien d’autres … qui lui auront valu une certaine aura de magie, tout au long des siècles…mais ce sera une autre histoire !