jeux de glaces

L’hiver nous a de nouveau pris au dépourvu. Alors que le jardin se couvrait de fleurs printanières, les grands froids ont surgi et tout s’est figé sur leur passage. En quelques jours l’étang s’est couvert d’une épaisse couche de glace et la neige a transformé tout le paysage. Sur la surface immaculée s’écrivent les cheminements de tous les animaux qui habitent au jardin : le renard musarde, sa trace fait mille circonvolutions sur l’eau gelée ; les petites pattes des pinsons étoilent les alentours des mangeoires. Des traces fourchues : ce sont les pies toujours à l’affût près du compost. Parfois une minuscule trace toute droite traverse l’étang : c’est la discrète hermine qui disparaît ensuite dans le tas de branches sèches.

Au premier soleil, la glace fond sur les bords, là où les herbes et les feuilles affleurent, en créant d’invraisemblables tableaux de glace d’une beauté éphémère. Sous l’épaisse couche gelée, bien protégée des températures polaires, la vie continue : on voit les scarabées d’eau, petits et grands, virevolter sous la surface translucide ; les plantes aquatiques croissent lentement mais surement, leurs silhouettes enchevêtrées émergeant de temps à autre au milieu de l’étang figé.

Mais le soleil de mars réchauffe rapidement l’atmosphère ; neiges et glaces disparaitront aussi rapidement qu’elles sont apparues. Dans quelques jours, toute l’étendue vibrera d’une nouvelle ardeur, les grenouilles rousses seront revenues…