au gui l’An neuf

Il ne reste plus guère de vieux vergers dans nos campagnes; tout au mieux subsistent encore, ici ou là, quelques rares fruitiers isolés. C’est sur leurs silhouettes dénudées, qu’au cœur de l‘hiver, se remarquent le mieux les grosses touffes insolemment vertes des pieds de gui qui s’accrochent à leurs branches noueuses.

Le gui (Viscum album) est une plante étonnante, hémiparasite c’est à dire qu’elle vit – à moitié – aux dépens du vieil arbre qu’elle colonise. Accrochée tout là-haut dans les branches, elle est capable d’absorber le lumière et de synthétiser la chlorophylle, d’où sa couleur outrageusement verte même au milieu de l’hiver. Mais ayant la tête si près du ciel, elle n’a pas de racines pour capter l’eau et les minéraux du sol et par conséquent elle doit ponctionner son hôte en enfonçant de petits suçoirs dans les branches pour se nourrir de la sève brute.

La plante de gui a aussi la faculté de produire des fruits en hiver, de petites baies blanches translucides, pour le plus grand plaisir de la gente ailée. Les grives surtout raffolent de ses baies. Elles les gobent toutes entières puis s’en vont loin à la ronde assurer leur dissémination à travers les fientes. Bien d’autres passereaux picorent aussi la pulpe gluante et collante des baies et y trouvent une nourriture bienvenue, disponible tout au long de l’hiver.

La prestance des plantes de gui au cœur des frimas a aussi séduit la gente humaine qui y a vu un symbole de vie perpétuelle. Dans de nombreuses traditions du nord de l’Europe, le bouquet de gui accompagne les fêtes de Noël ou célèbre le jour de l’An. Je ne manque pas d’accrocher chaque année, à la porte d’entrée, le gui de l’An neuf.