au petit matin

Les premiers rayons de soleil surgissent derrière les vieux hêtres et illuminent le faîte des églantiers. Divers bourdons dodus zigzaguent déjà entre les herbes humides de rosée. Le chat qui traverse la prairie effraie, ici et là, quelques papillons endormis.

C’est lorsque le soleil atteint la sente bordée de menthes et d’origans que le spectacle commence… comme jaillis de nulle part, toutes sortes d’insectes se précipitent sur ces premières fleurs ensoleillées. Des dizaines de petits papillons s’agglutinent parfois sur la même fleur et se goinfrent de sucres. Certains arborent une livrée discrète, des tonalités brunes tachetées de points dorés ou d’un gros oeil noir qui semble vous scruter.

Plus voyante, la « carte géographique », un splendide papillon aux ailes noires dentelées est un tableau à lui tout seul…des chapelets de taches blanches soulignés par d’épaisses lignes fauves, de fines stries qui ondulent le long des ses ailes.

Avec la chaleur qui monte l’activité s’intensifie aussi autour des gros pompons mauves des fleurs de knauties. Ce sont elles qui ont la préférence d’un papillon étonnant, le « demi-deuil ». L’alternance noire et blanche en damier de ses ailes laisse croire qu’il vient de s’échapper d’un jeu d’échec.

La courte vie de ces petites merveilles volantes est toute entière axée sur leur reproduction. La plupart d’entre elles confient leur progéniture aux herbes folles qui foisonnent au jardin. Ainsi d’année en année, le nombre des papillons augmente constamment, signe réconfortant que la biodiversité peut s’épanouir si on lui en donne la possibilité.

Aussi j’adore, au petit matin, traverser ces buissons enchantés. Tous ces papillons qui virevoltent librement autour de moi créent une ambiance envoûtante, merveilleuse… pour peu on y rencontrerait des elfes et des fées !