métamorphoses

En cette fin du mois de mai, c’est la grande effervescence sur les bords de l’étang : toutes les nuits, d’étranges créatures terreuses émergent de l’eau, grimpent le long des roseaux, s’y cramponnent solidement et … se métamorphosent … Pendant des mois, ces larves brunâtres auront vécu au fond de l’étang ; terribles prédateurs aquatiques, elles auront chassé tout ce qui y vit : les moustiques, escargots, dytiques et même les petits têtards se seront fait dévorer. Plus elles auront mangé, plus elles auront grandit vite et auront pu changer de peau. Elles mueront ainsi une bonne dizaine de fois avant de changer de vie.

Mais qu’est ce qui donne le signal de la transformation ?

Quel est donc ce processus mystérieux qui fait, qu’un beau jour (ou plutôt une belle nuit !), ces créatures disgracieuses quittent leur vie aquatique pour se transformer en de légères et aériennes libellules ? En début de journée, elles sont des dizaines à être accrochées aux tiges des rives. Doucement, imperceptiblement leur carapace se fend et les libellules s’extraient de leur ancienne peau. Elles déploient progressivement leurs ailes, les défroissent et puis les laissent durcir quelque temps à l’air …avant de s’envoler d’un coup !

C’est un spectacle dont je ne me lasse pas … et puis c’est aussi un des rares moments où l’on peut observer (et photographier) ces acrobates des airs avant qu’elles ne s’élancent dans un ballet frénétique qui durera tout l’été au dessus de l’étang.

Une dizaine d’espèces de libellules fréquentent notre étang ; il y en a des petites, toutes fines, d’autres trapues, certaines sont élancées et bleutées, d’autres plutôt jaunâtres ; il y en a même de couleur rouge… La plus grande d’entre elles est l’Anax empereur qui patrouille inlassablement au dessus de l’eau, chassant, lors de joutes virulentes, tout mâle rival s’aventurant sur son territoire.

Quelques unes sont plus discrètes, telle cette libellule à quatre taches, ainsi nommée parce qu’elle possède quatre petites taches foncées sur le bord des  ailes. On la voit souvent perchée au sommet d’un roseau… d’où le mâle surveille tout son fief à l’affût de proies à capturer ou de femelles à séduire.