en noir et blanc

Depuis quelques semaines la neige recouvre le jardin. Chaque jour, des flocons virevoltent devant les fenêtres, tantôt comme une fine poussière blanche, tantôt comme un épais rideau cotonneux. Le ciel est bas, morose, un moutonnement nuageux qui limite l’horizon. Alors je quitte le jardin et m’en vais me promener dans la forêt proche, le long du ruisseau qui serpente dans notre vallon.

Il n’y a plus de prairies, plus de champs, aussi loin que porte le regard, ce n’est plus qu’une immensité de blancheur où chaque arbre, chaque arbuste, chaque silhouette se découpe en ombre chinoise. Le paysage ne se décline plus qu’en noir et blanc.

Les arbres qui, cet été, nous semblaient tous pareils dans leur parure feuillue, révèlent maintenant leur structure unique de troncs, de branches, de rameaux. Dans ces enchevêtrements denses qui s’élancent vers le ciel, on peut admirer tout leur réseau de ramifications, jusqu’aux brindilles les plus fines.

Les derniers fruits des hêtres que les oiseaux n’ont pas encore fait tomber, de détachent, petites boules hérissées, sur un ciel aussi immaculé que le paysage qu’il surplombe. La trace d’un renard qui mulote, les chevreuils qui s’enfuient à l’orée du bois, un oiseau solitaire à la cime d’un arbre, chaque mouvement se repère de loin dans cette solitude enneigée.

Même dans la mélancolie incolore de ces jours d’hiver, il y a toujours de quoi s’étonner et se ressourcer dans la nature environnante… en attendant des jours plus ensoleillés au jardin !