peluches argentées

Pluie, neige, vent, soleil se succèdent…parfois en quelques minutes ; des giboulées de mars dans toute leur splendeur ! Perce-neiges, primevères, les premières fleurs du printemps résistent stoïquement sous les averses mais les autres se cachent encore frileusement sous les herbes sèches. Les bourgeons des arbres poussent vigoureusement mais restent toujours fermés sauf…le saule !

Jour après jour, de petites boules soyeuses et argentées font éclater leur gangue écailleuse et s’élancent vers le ciel. Ce sont les chatons mâles du saule marsault (Salix caprea) qui tels de petites peluches duveteuses envoient leurs effluves et leur pollen dans le vent printanier. Les saules font partie des rares plantes à fleurs à sexes séparés, les plantes dioïques, ce qui signifie qu’il y a des saules à fleurs mâles et des saules à fleurs femelles.

Les fleurs mâles s’épanouissent les premières, ce sont elles qui forment ces petits chatons argentés. Arrivés à maturité, leurs étamines s’extraient de leur enveloppe soyeuse et se parent d’un abondant pollen jaune vif qui attire tous les butineurs précoces des environs. Plus la floraison est avancée, plus les chatons deviennent de grosses pelotes ébouriffées.

En ce début de saison, les fleurs sont encore rares et les insectes butineurs, que le premier soleil aura réveillés, sont affamés. Ce pollen est donc une véritable manne pour tous. Nos abeilles, domestiques ou sauvages, ont vite repéré les saules en fleurs et s’affairent intensément sur les chatons. Si l’on s’attarde sous les branches des saules, lorsque le soleil paraît, on a l’impression que l’arbre vrombit de toute part. Les fleurs femelles quant à elles sont plus discrètes ; elles forment de modestes chatons verdâtres mais qui possèdent une arme secrète pour attirer les pollinisateurs : un nectar sucré.

Si le saule marsault est le premier à fleurir, les autres saules du jardin suivront tour à tour : d’abord le saule blanc (Salix alba) avec ses fines feuilles argentées, puis le saule pourpre (Salix purpurea) avec ses chatons écarlates et en dernier s’épanouira le saule fétide (Salix foetida) dont le dense enchevêtrement de branches à l’écorce rougeâtre aura abrité les mésanges tout au long de l’hiver.