perles de nuit

Inexorablement, les saisons tournent. Langueur et mélancolie d’automne s’installent au jardin. Les herbes folles flétrissent et roussissent. Les premières feuilles desséchées virevoltent doucement. Les arbres chargés de fruits trop lourds les laissent tomber, un à un, sur une terre assoiffée. Les pluies se font attendre.

Heureusement les nuits déjà fraîches produisent quantité de rosée qui transforme jusqu’aux plus infimes herbes en joyaux scintillants. Alignées sur la moindre tige délaissée, de minuscules perles d’eau oscillent, irisées, dans l’aube naissante.

Il suffit d’un rayon de soleil pour que, dans un recoin du jardin, quelques graminées échevelées s’illuminent telles d’éphémères guirlandes de diamants. La prairie rase n’est pas en reste, le moindre petit brin d’herbe se pare d’une gouttelette, certes discrète, mais précieuse au bout de son limbe.

J’aime contempler ces quelques instants de grâce fragile des petits matins d’automne. Ces petites perles liquides disparaissent si vite ; les herbes s’égouttent, s’ébrouent, la rosée s’évapore et la terre recueille avidement ces quelques larmes de nuit.