premières trilles

La neige recouvre encore le jardin mais les belles journées ensoleillées de ces dernières semaines font que l’on ne se sent plus en hiver. Il y a quelque chose d’indescriptible, une lumière, une douceur de l’air qui donne des envies de printemps. L’aube se fait de plus en plus précoce ; déjà quelques oiseaux matinaux vocalisent dans le jour naissant. Même si les mésanges se pressent  sans cesse aux mangeoires, les premiers migrateurs sont déjà de retour.

Tout l’hiver nous avons eu le grand plaisir d’accueillir au jardin une ribambelle de chardonnerets. Cela faisait des années que je n’en avais plus vus ! Ils ont passé toute la saison à dépiauter consciencieusement les hampes de cardères, chardons et tournesols que j’avais laissées sécher sur pied. Lorsque toute la troupe choisissait de s’abattre bruyamment sur une mangeoire, tous les autres oiseaux s’enfuyaient. Hormis leur raffut bagarreur autour des graines, les chardonnerets sont capables d’émettre des sons des plus musicaux. Ils se perchent alors sur les hampes fanées, trillent à qui mieux mieux et l’on peut admirer leur superbe plumage.

Les seuls que ne perturbe pas l’agitation des mangeoires sont les merles ; ils se meuvent placidement sous elles pour récupérer les graines tombées. Et puis à tout choisir, ils préfèrent dépecer les fruits blets du néflier, croquer les baies du houx ou bien fouiller les restes pourris des pommes sous les arbres. Mais ces derniers temps, les hormones printanières les bousculent aussi. Alors, au crépuscule, ce sont des courses effrénées dans les buissons, des trilles stridentes à travers les futaies et des élans noirs qui s’envolent dans tous les recoins ; ils entament leurs amours de printemps.

Différentes espèces de grives fréquentent le jardin. Par temps froid, elles se retrouvent dans les arbres portant de grosses boules de gui, dont elles raffolent des baies, ou bien explorent les environs des fruitiers à la recherche de fruits délaissés. Mais depuis quelques jours, la grive draine sent elle aussi la saison tourner ; au petit matin elle se perche sur la cime bien haute d’un arbre en bordure de forêt et se lance dans de longues mélopées mélodieuses.

Comme nous tous, les oiseaux sentent que l’hiver est en train de céder la place et il aura beau refaire froid, neiger, pleuvoir, les brouillards stagner…les forces de renaissance du printemps sont irrémédiablement à l’œuvre…et mes envies de jardin de plus en plus irrépressibles !  

Contrairement à toutes les photographies des autres chroniques, ce n’est pas moi qui ai réalisé les photos de ces oiseaux. Elles sont tirées de l’excellent site www.oiseaux.net (que je vous encourage à consulter) et publiées avec l’accord de leur auteur que je remercie infiniment.