vesces des haies

J’ai une affection particulière pour les plantes mal-aimées, ces plantes insignifiantes qui ont la fâcheuse propension à s’étaler dans nos jardins. Leurs fleurs, d’ordinaire minuscules, de couleurs insipides n’ont rien pour attirer le regard et je dois avouer que j’ai aussi eu bien souvent l’envie de toutes les arracher. Sauf …..que je me suis rendue compte que ces fleurs banales, qui à nos yeux humains ne semblent avoir aucun charme, sont très prisées des insectes. La vesce des haies (Vicia sepium), par exemple, attire tous les bourdons à la ronde. Pourquoi ? Pourquoi préfère t-il cette pâlotte petite fleur d’un violet fané à l’exubérant iris mauve juste à ses cotés ?

Toujours est-il que je me suis mise à regarder ces fleurs ordinaires d’un autre œil. Une photographie bien cadrée, agrandie sur un écran et subitement l’humble vesce n’a plus rien à envier à l’orchidée. Ses longues tiges frêles portent des grappes de fleurs d’un violet pâle qui se décolore très vite mais dans ses belles heures, les pétales se dressent fièrement, finement striés de lignes sombres, et attirent nombres d’insectes vers la cavité où se cachent sucres et nectars. Les abeilles sauvages se vautrent littéralement sur ces délicates ailettes.

Si leurs fleurs sont petites, elles sont par contre nombreuses et leur abondant feuillage forme un enchevêtrement dense. Les longues feuilles composées se terminent par une vrille agile qui s’agrippe à tout ce qui est à sa portée. Ce sont ainsi de véritables colonies qui peuvent s’installer au jardin. Mais ce n’est pas tout…cette humble fleurette recèle encore une autre énigme !

Elle possède des « nectaires extrafloraux », sorte de petites usines à sucre, à la base extérieure de ses fleurs qui attirent spécifiquement les fourmis. Les scientifiques pensent qu’il s’agit d’une forme de mutualisme où plante et fourmi s’échangent des services, les secrets desquels ne sont pas encore percés. Toujours est-il que si vous regardez de près une vesce des haies, vous y verrez toujours s’activer des myriades de fourmis. D’ailleurs sur la photographie où je ciblais la grosse peluche bourdonneuse, on voit émerger ici et là ces fameuses fourmis.

Alors toujours aussi inintéressantes, ces vesces ?