où sont passés les vulcains…

ces grands papillons aux ailes noires bordées de liséré orange ?

Habituellement, en ces premiers jours d’automne, on les voit voleter par bandes dans le jardin. Sur les dernières fleurs du fameux arbre à papillons (Buddleja davidii) ou sur les fruits pourrissants à terre, ils se gorgent de sucres en vue de leur longue migration vers les rivages d’Afrique. Mais cette année, rien … pas un seul « vulcain » (Vanessa atalanta) dans le jardin. Où sont-ils donc passés ? L’année a été chaude, les floraisons intenses, les arbres croulent sous les fruits … pourquoi ces papillons ne sont-ils pas au rendez-vous ?

Depuis quelques années les scientifiques tirent la sonnette d’alarme en constatant qu’en ces 30 dernières années, les populations d’insectes de nos contrées ont chuté de façon drastique. Même si les raisons de ces disparitions sont multifactorielles, l’industrialisation de l’agriculture, avec l’emploi massif de pesticides, entraînant la disparition des milieux propices aux insectes, est largement pointée du doigt.

La survie des papillons est très fortement inféodée aux plantes qui les nourrissent. Il faut des feuilles bien particulières pour que puissent manger et croître les chenilles et des sucs de fleurs précises pour rassasier les imagos adultes. Au jardin, chaque type de fleurs a ses visiteurs patentés …

Chez nous la championne toutes catégories, celle qui attire le plus grand nombre d’insectes est la knautie (Knautia dipsacifolia). En été la longue floraison de ses fleurs violettes ravit une multitude de bestioles de toutes sortes : mouches, syrphes, abeilles et papillons qui rivalisent d’activité dès le premier rayon de soleil. Plus d’une dizaine de papillons volètent sur une seule touffe de knautie : il y en a plein de petits brunâtres (les « tristans », les « myrtils »), diverses « vanesses » très colorées, des « cuivrés » et des « nacrés » d’un orange resplendissant, les fameux « demi-deuils » aux ailes à carreaux noirs et blancs et les innombrables papillons blancs (les « piérides »).

Un peu plus tard dans la saison, c’est au tour des fleurs d’origan (Origanum vulgare) d’attirer les foules. C’est alors une effervescence de papillons plus petits comme les « zygènes » orangées, les « azurés » aux ailes d’un bleu très pâle et bien sûr tous les petits lépidoptères bruns. Les papillons de grandes dimensions sont plus solitaires et viennent de temps en temps faire une virée au jardin. Cette année encore, le « machaon » a déposé ses œufs sur nos plants de fenouils et nous avons pu admiré ses chenilles multicolores. Le très rare « grand sylvain » a également squatté un long moment les églantiers puis a disparu.

Même si la diversité des papillons est encore présente au jardin et que chaque apparition d’une nouvelle espèce nous persuade de l’importance de cultiver des plantes nourricières indigènes … il faut quand même avouer qu’il y a inexorablement, d’année en année, un moins grand nombre de voltigeurs, moins d’insectes qui vrombissent … et cette année, pas un seul « vulcain » !